lundi 23 novembre 2009

mise à mort de la morale

Pas de dessin pour illustrer parce qu'il me refaut du matos le mien étant HS.

Je travaille sur quelque chose de sérieux. Ne sachant pas bien m'exprimer par écrit sans envoyer chier mon interlocuteur j'essaie une bd afin d'atteindre une juge.

Pour expliquer plus clairement -attention c'est un peu tristouille snif snif ouin, éloignez les mômes- j'ai subi des viols étant petite. Bon ça m'a fait mal j'ai passé 15 ans à haïr mon père et à le maudire sous toutes les coutures. Je me suis autodétruite et j'ai perdu mes larmes (je ne sais pas pleurer). Mais bon voilà j'ai tenté des psys (une dizaine) et ça m'a enfoncé plus qu'autre chose, bien qu'avec le recul je me dis que ça a peut-être servi (ne serait-ce qu'à me dire "forges-toi toi même ton propre avis sur ton histoire, personne n'a les clés pour t'aider à t'en sortir, ma grande !"), j'ai fini par me dire, vers mes seize ans, "c'est bon ça suffit la rigolade, je peux plus fuir, picoler, fumer, et finir à l'hosto le bide plein de médicaments toutes les quinzaines c'est pas affronter les choses !" J'ai donc affronté mes peurs, du moins autant que je le pouvais, j'en ai conclu que j'étais pas coupable, juste une victime de plus et que des personnes abusées y'en avait tellement que maintenant tout le monde s'en foutait, d'où le peu d'aide que j'ai reçu et la foultitude de conseils pourris comme "pardonnes et surtout oublies, c'est la honte". Bref j'ai fais une partie du chemin seule et le reste avec des amis. Seulement voilà...
Il y a quasiment un an (à une semaine près) je me suis dit que j'avais fait tout ce que je pouvais faire seule et avec mes amis, que j'avais affronté tout ce que je pouvais affronter seule et avec mes amis (oui la formulation comme ça est importante) mais qu'il fallait que je finisse le travail et que je renoue le contact avec mon père.
J'ai renoué le contact par écrits, puis par mails et par téléphone, puis je l'ai vu une après-midi en début juillet dernier.
Seulement la juge qui suit mon père l'a appris et l'a convoqué pour manquement grave à ses obligations. On se doutait que c'était à cause de ça, ce que j'espérais c'était qu'on me contacte pour qu'on me demande mon avis sur cette histoire, mais non, même pas. Je n'en vaux probablement pas la peine.
Mon père n'a plus droit à aucun contact avec moi, mails, lettres, coups de fils, rendez-vous, nada. Je comprends la démarche, il faut protéger les victimes, mais dans le cas présent c'est moi qui l'ai voulu, c'est moi qui en ai besoin.
J'ai haï, oui j'ai haï cet homme. Mais j'ai pardonné et j'ai voulu le revoir pour avancer. Parce que haïr me rendait malade, me détruisait et ne m'aidait pas tellement à aller mieux. Depuis que j'avais repris le contact je me sentais un peu mieux, j'arrivais un peu mieux à me gérer, même si je n'ai toujours pas de rêve(s).
Depuis la nouvelle de cette convocation j'ai ré-entamé une déprime comme on entame une grève de la faim, moi je fais une grève de la bonne humeur. Les psys qui entourent la juge lui disent que "c'est pas bon pour moi". Mais enfin, ils ne me connaissent pas. Qu'est-ce qu'ils en savent ?
Je suis pas forte, ni spécialement gentille, j'ai repris contact pour voir si ça me faisait du bien, puis j'ai pardonné, parce que j'ai finis par voir mon père comme un pauvre homme qui avait lui aussi son passé lourd. Je suis comme tout le monde, égoïste en premier lieu.
J'ai pas pardonné mon père pour lui mais pour moi avant tout, et maintenant pour moi j'aimerais pouvoir au moins échanger des mails tranquille. Parce que j'aimerais tellement avancer.
La juge elle elle a rien à perdre, elle est juge elle gagne son pognon tous les mois, elle fait vivre sa famille et j'espère qu'elle a une vie tranquille en dehors de son boulot. Moi je sais toujours pas quoi faire, je sais toujours pas qui je suis et je suis de nouveau face à un mur, sauf que là je peux même pas affronter le mur, puisque on ne m'a toujours pas demandé mon avis sur cette histoire.
Je ne veux pas qu'on me plaigne, je n'ai plus besoin de mon statut de "victime de viols", j'ai le statut de "chercheuse de rêves" et ça me plaît beaucoup plus. Je voudrais juste vraiment pouvoir avancer, changer, évoluer (oui, comme les pokémons, Laure).

C'est ça que je veux dessiner à la juge mais je veux y passer du temps, y mettre mon coeur, toutes mes émotions, pour qu'elle puisse le ressentir. Je voudrais qu'elle me laisse parler à mon père.

C'est la raison de mon silence bloguesque mais je vous montrerais les planches sans les bulles d'abord, leur progression, puis lorsque j'aurais fini je vous montrerai tout d'un coup.
Je continuerais les petits strips, mais quand j'aurais un peu plus le moral, pour le moment ça vaut pas le coup, mon trait est triste, horriblement triste.

ps: je sais que ce que je dis va en delà de la morale habituelle. Je sais que ça ne s'applique pas à toutes les victimes d'abus sexuels. Et je ne minimise pas ce que j'ai subi. Les abus, que ce soit sexuels, de pouvoir, psychologiques et physiques c'est une horreur. Je dis que j'ai besoin de m'en remettre et que mon moyen pour me relever c'est de me battre contre ce qui me ronge. Je ne sais pas faire autrement. D'autres si, peut-être ont-ils des moyens plus faciles, ou plus durs. Je n'en sais rien. Je ne prétend pas tout savoir.

2 commentaires:

Gigi-Sempai a dit…

Déjà ce que tu as écris ça fait passer beaucoup d'émotions et rien que ça tu peux l'envoyer à la juge (et enlève pas le fait que les psy ne te connaissent pas tu as raison là).

Kissecoule a dit…

ouais faut que je mette à jour vu que j'ai été convoquée au commissariat. Mais voilà j'attends toujours mouvement de la juge